Une chanson triste pour tous les tétraplégiques du monde

Je voudrais…

Je voudrais…

Je voudrais pouvoir te dire
Les mots tendres de mon cœur,
Les dessiner ou les écrire
A l’encre bleue du bonheur.
Je voudrais pouvoir te prendre
Dans mes deux bras pour un baiser,
Je voudrais pouvoir comprendre
Et t’enlacer pour oublier.

Dans le silence de ma chambre
J’entends des pas venus de loin,
Le coq qui chante mon refrain
Sur la clôture en septembre.
Dans le silence de la nuit
Je vois des phares éclairés,
Je vois le route qui reluit
Et les sourires s’effacer.

Je voudrais pouvoir te dire,
Te raconter et puis chanter,
Te cajoler pour des sourires,
Mais je ne puis, je suis couché.
Je voudrais pouvoir te dire,
Te raconter sans trop pleurer,
Je voudrais dans mon délire
Te cajoler, puis t’aimer.

Dans le silence de l’église
J’entends la route et ses malheurs,
Les pneus lisses qui glissent, glissent,
Ils me font mal au fond du cœur.
Dans le silence de mes draps
Je ne sens plus mon corps fourbu
Et quand je veux lever les bras,
Ils restent là, ne veulent plus.

Je veux te dire des mots tendres,
Des mots d’amour, je veux m’entendre,
Je veux pouvoir les dessiner
Sur la fenêtre, sur du papier.
Je veux te dire que je t’aime
Pour le présent, pour le futur
Mais j’ai trop, oui trop de peine,
Les mots sont traites, ne veulent plus

Dans ma tête tout se bouscule
Les mots, les cris et les baisers,
Les apostrophes et les virgules
Que mon regard veut exprimer.
Dans mon cœur qui s’affole,
Sur ma tempe, sur l’oreiller,
Les chants, les coups, les farandoles,
Voudraient sortir pour oublier.

Je voudrais pouvoir te dire
Les mots tendres de mon cœur,
Les dessiner ou les écrire
A l’encre bleue du bonheur.
Je voudrais pouvoir te prendre
Et t’enlacer pour un baiser,
Je voudrais pouvoir comprendre
Et t’emmener ma belle aimée.

Dans tes yeux je vois l’aurore,
Le paradis, les oasis,
Ne me dis rien car les paroles
Ont effacé mes brins de vie.
Sur tes joues roses je lis l’espoir,
Les rêves bleus des jours heureux
Sur tes joues roses je vois l’espoir
Il a parlé, parlé pour deux.

© Emile Audigier | 21 03 2006